Le retour du Gorgeau
(ruisseau des Gorges) dans son lit
mai
2006
Entre deux guerres, la balade
dominicale était la vallée des Gorges, la
rue du château d'eau, l'Ermitage pour les plus
énergiques, et perpétuellement la Gare qui
était le lieu d'aimantation des jeunes, en dehors
des heures de laiterie.
A partir des années
1950, la façon d'exploiter les parcelles
forestière a commencé à se faire
avec des engins encore plus puissants et plus
destructeurs que les paires de boeufs chargés
d'évacuer les grumes. C'est ainsi que le chemin
des Gorges s'est retrouvé défoncé
(jusqu'à 80 cm de son niveau d'origine) et ce qui
était prévisible ou redouté arriva:
le chemin s'est retrouvé plus bas que le ruisseau
voisin, et les eaux du ruisseau des Gorges (le Gorgeau)
se sont installées dans le chemin, et l'ont
creusé encore plus.
Au cours de l'année
scolaire 1997-1997, les écoliers de la communale
qui s'étaient installés dans les Gorges
pour y suivre la classe en plein air se sont émus
de cet état fait. Les écoliers avaient
colonisé les Gorges qui était un endroit
paradisiaque, il n'y a avait pas de voitures, il y
avaient les installations des carrière militaires
de 1920, il y avait la fontaine des Joyeux et le
château du roi des Gorges (l'ancien concasseur),
les salles d'entretien couvertes de
végétation, les baraquements des
prisonniers-carriers, la poudrière
installée dans une grotte, le ruisseau, de quoi
faire de l'archéologie écolière en
toute tranquillité avec des résultats
assurés.
On le sait, les écoliers
sont les pionniers du tri, de la protection du monde
animal et végétal, et ce ruisseau qui
coulait sur le chemin, et ce lit de ruisseau qui
était vide, n'étaient pas pour plaire
à ceux à qui on donne des conseils du matin
jusqu'au soir. Aussi, le vendredi 7 mars 1997, la classe
de cours moyen s'est transportée avec du
matériel de terrassement et il n'a fallu qu'une
heure pour dresser un barrage et renvoyer les eaux de la
Serre chez elles. Le
chemin est redevenu chemin et le ruisseau est redevenu
ruisseau, et les vaches seraient bien
gardées.
Hélas le prochain
tracteur à quatre énormes roues motrices
est monté sur ce barrage sans s'émouvoir et
a renvoyé tout le monde au vestiaire, en moins de
cinq secondes.
C'était sans compter
avec les têtes blondes et moins blondes, qui
avaient gardé une dent contre l'envahisseur.
("Quand chrai grand..." bougonnaient-elles)
Une petite fille qui
était petite à cette époque et qui
est devenue grande par la suite n'avait pas oublié
l'humiliation. Un dimanche que son père
était devenu maire, elle l'a pris par la manche,
et tous deux père maire et fille, se sont rendus
au fond des Gorges pour laver l'affront.
L'affront est tout propre: le
ruisseau des Gorges est aujourd'hui à sa
place.
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